De 1958 à nos jours, cela fait 66 ans que la République de Guinée a accédé à sa souveraineté nationale sous l’égide du Président d’alors, le camarade, Ahmed Sékou Touré.

Pour marquer cette date, le président du parti GUIDE, Ibrahima Ténèmba Kourouma a fait une déclaration au cours de laquelle il a exprimé ses meilleurs voeux au peuple de Guinée.
Discours ci-dessous
MESSAGE A LA NATION DU PRÉSIDENT DU PARTI GUIDE
Guinéennes, 
Guinéens, 
Mes chers compatriotes, 
Chers amis de la Guinée. 
En ce jour de la commémoration des soixante sixièmes anniversaires de notre indépendance, mon vœu le plus cher a été de vous offrir une Guinée unifiée, pacifiée et rassemblée autour de ses fils et de ses filles ; une Guinée prête, résolue à rebondir, tirant les leçons de cette expérience de plus soixante années et assumant son héritage, avec le courage et la confiance des peuples valeureux.
Nos efforts inlassables pour maintenir la paix, les sacrifices innombrables que vous avez consentis, pour pardonner et tourner la page de la fracture vécue au cours de son histoire n’ont malheureusement pas suffi à nous y conduire, même si, résolument, nous avons ensemble avancé sur le chemin de la paix et réussi à tourner le dos à l’incompréhension.
Enfant des élections, comme j’aime à le dire, mon vœu le plus cher est de permettre à mes concitoyens de pouvoir s’exprimer librement, à l’occasion de la tenue des élections futures tant attendues, pour choisir en toute conscience, ceux qui conduiront les destinées d’après transition de notre pays. La première conséquence de notre accession à la souveraineté nationale est en effet de conférer aux citoyens la possibilité de choisir librement leurs dirigeants et de déterminer en toute souveraineté les voies de l’évolution de leur pays.
Depuis que je suis entré en politique, je prône les valeurs de liberté, de justice sociale et d’indépendance économique véritable et je ne m’y déroberai pas. Je reste profondément attaché à ce compartiment essentiel de la vie démocratique commune et je dis à tous : Cette année verra se tenir le référendum pour l’adoption de la nouvelle constitution en Guinée. et notre pays amorcera sa reconstruction.
Mes chers compatriotes,
Nous l’avons souhaité sobre, cette commémoration de notre indépendance pour rester mobilisés sur nos objectifs prioritaires. C’est une commémoration orientée vers la meilleure compréhension de notre passé et axée sur la critique exhaustive et non partisane du parcours réalisé ensemble pour en tirer les leçons les plus significatives.
Un peuple qui méconnait son histoire, peut-il en effet construire avec succès son avenir ? L’avenir commun ainsi envisagé, avec confiance, sera le condensé des voies nouvelles de consolidation de notre indépendance afin de nous engager avec lucidité, audace et responsabilité, dans la voie du progrès.
La sobriété de ces instants n’entame en rien leur solennité parce qu’en ce jour, nous nous réjouissons de l’existence d’un Etat indépendant. Il y a soixante six ans, nos aînés, malgré leurs divergences, ont mené le combat noble de la libération du continent, pour engager la bataille de la construction de nos nations. Chemin difficile, mais parcours exaltant, dont la finalité demeure de diriger des nations prospères et de voir y vivre des citoyens libres et heureux.
En ces instants précis, j’ai une reconnaissance profonde pour nos devanciers, vaillants combattants qui ont œuvré pour l’aboutissement de cette perspective mémorable. J’ai une pensée particulière pour le Président Feu Ahmed Sékou Touré, celui là-même qui, en ce jour du 28 septembre 1958, a déclaré, en ces termes :
« Nous préférons la liberté dans la pauvreté, qu’a l’opulence dans l’esclavage. En vertu du droit qu’a tout peuple à disposer de soi-même, il a été proclamé solennellement l’indépendance de la Guinée le 2 octobre1958. » !
Enfin, j’ai une pensée pour tous ceux qui sont tombés dans la lutte pour l’indépendance, tous ceux qui sont morts pour leurs idées, tous ceux qui ont tracé avec courage et persévérance, les premiers sillons.
Chers compatriotes,
Notre cheminement a alterné périodes fastes et moments de difficultés, années de prospérité et conjonctures austères. Sur le chemin, des écueils ont existé, entraînant de profondes fractures, des blessures parfois encore vivaces ; mais mon devoir est de rappeler à tous l’exigence d’amour fraternel et de pardon mutuel pour préserver la Guinée et entrer dans le second soixantenaire confiants. Nous y sommes déjà et nous devons poursuivre l’œuvre avec foi, espoir et détermination.
Pendant ces soixante ans, et malgré les obstacles persistants, des avancées remarquables ont été réalisées qu’il nous importe de garder à l’esprit. Ces avancées qui forgent les nations prospères, il nous faut les défendre et les préserver parce qu’elles sont la marque de notre progrès.
En tout premier lieu, notre dignité de nation libre, la dignité de pouvoir s’affirmer et participer au progrès du monde en tant qu’Etat reconnu, respecté et œuvrant en toute fraternité avec les autres nations du monde pour le progrès de l’humanité. Cette dignité, il faut s’en prévaloir, mais en user sans agressivité ni ostentation, parce que c’est elle qui induit les choix autonomes, souverains et responsables que nous faisons pour l’accomplissement du destin que nous voulons collectivement. Cette dignité-là, ces dernières années, a été particulièrement mise à mal mais ensemble, nous l’avons préservée ; nous sommes heureux aujourd’hui de dire : la résistance a payé !
En second lieu, nous avons hérité de cette indépendance la responsabilité collective de notre devenir commun. Les grandes nations se sont forgées à travers l’histoire en connaissant des moments de prospérité, de gloire et de succès, mais aussi des moments de crise ; elles sont restées résolues devant les crises et les dissensions qui leur ont été préjudiciables. Elles ont ainsi atteint des niveaux appréciables de progrès économique et de justice sociale, s’étant accordées sur la nécessité de surmonter ces obstacles. Ces nations ont supporté des moments particulièrement pénibles mais la raison et le profond désir de cohésion a fini par prévaloir sur les intérêts conjoncturels et les calculs personnels, pour faire triompher la renaissance et la prospérité collective.
En ces instants-là, ce qui a primé, c’est la volonté commune de préserver les générations futures. Cette primauté de l’intérêt général sur les intérêts personnels ou partisans, a été le véritable ferment de leur prospérité retrouvée. La leçon principale que nous pouvons en tirer demeure, en conséquence, le dépassement de soi dans le respect mutuel des divergences.
Au-delà des divergences politiques qui heureusement consolident les Etats démocratiques, au-delà des divergences d’opinion qui enrichissent les perspectives
d’alternative qu’elles offrent, cette responsabilité collective, nous devons l’assumer et à chaque instant, la traduire dans tous nos actes.
Ma responsabilité de leader politique me l’impose en tout premier lieu et je ne m’y déroberai en aucune façon. Depuis trois années en effet, nous l’assumons, affrontant des vicissitudes multiples et de féroces adversités, internes et externes. Notre souci, conformément à notre engagement, demeure de préserver la vie de nos concitoyens et garder intact le territoire de la Guinée, de 245 857 km2 que nous ont légués nos prédécesseurs. C’est dans cette perspective que nous avons inscrit l’accord politique inter-guinéen de Ouagadougou et les récentes évolutions de dialogue politique interne. Ce dialogue inclusif inter-guinéen devra se raffermir et se consolider, pour nous engager résolument sur la voie du salut collectif.
La troisième avancée significative, que je vous invite à garder en mémoire en ce jour, est notre pratique progressive de la démocratie. Sur ce point, les chantiers réalisés par notre pays sont appréciables. Souvenons-nous en effet de la période d’avant 1990 où la liberté d’expression et le pluralisme politique étaient encore inexistants. La Guinée peut s’enorgueillir d’avoir aujourd’hui les instruments réglementaires et les institutions adéquates pour entretenir la démocratie et veiller au respect par tous des droits et devoirs opposables.
La construction d’un Etat démocratique, protecteur des libertés individuelles et collectives et respectueux des droits de l’homme, n’est certes pas chose aisée ; mais nous y sommes engagés. Nous pouvons en effet nous réjouir de l’existence et du maintien de nos institutions clés : Présidence de la République, Assemblée nationale, Cour suprême, Conseil économique et social. A ces institutions, nous en avons ajouté d’autres, nouvelles et autonomes de promotion du pluralisme politique, de la démocratie et des droits de l’homme : Haute Autorité de la Communication, Cours de Répression des Infractions Financières, Commission nationale des droits de l’homme.
Nous devons également nous réjouir de l’existence de textes de lois novateurs concernant la presse écrite et audiovisuelle afin d’aider à construire une presse responsable, garant d’une véritable conscience citoyenne. C’est ainsi en effet que se réalise l’avènement des nations prospères et démocratiques.
Dignité d’hommes libres, responsabilité collective de notre devenir et enracinement dans la démocratie, telles sont les leçons de cette accession à l’indépendance que nous nous devons de préserver.
Mes chers compatriotes,
Les circonstances actuelles et les contraintes de la période d’après 2010 ont certes limité notre capacité d’agir mais elles n’ont, en aucune façon, entamé l’idéal de justice sociale et de prospérité qui a fondé mon entrée en politique. C’est pourquoi je vous invite à demeurer confiants parce que nous avons fait le choix du courage, de la persévérance et de l’espérance. Nous nous devons de continuer à faire progresser le
niveau de vie de nos concitoyens.
La crise que nous vivons a laissé de profondes blessures qu’il nous appartient de guérir. Blessures d’ordre moral avec la perte d’êtres chers mais aussi dysfonctionnements profonds dans nos pratiques, dislocation de nos valeurs essentielles. Deux chiffres résument, à eux seuls, l’ampleur des méfaits de cette crise
: celui de la pauvreté de nos compatriotes qui s’est aggravée ces dernières années pour atteindre un chiffre de 53 % environ du fait principalement des manifestations violentes suite à des incompréhension politiques; l’accroissement du taux de
chômage, avec un niveau record de 33 % !
Ces indicateurs nous invitent à repenser d’urgence et profondément notre mode de
production et d’allocation des ressources, dans le sens d’une croissance économique plus forte et beaucoup plus diversifiée et d’opportunités nouvelles, de création de nombreux emplois.
La remise en état sera fonction de l’ampleur de notre engagement à conduire les indispensables changements éthiques et de notre ingéniosité pour agir sans délai. Cette situation exige en effet un sursaut national et un engagement sans faille pour la prospérité, le plein emploi et la justice sociale.
Nous avons progressé mais nous avons également régressé alors même que nos potentialités nous permettent d’avancer. Eh bien, avançons !
Le temps est donc venu d’une gouvernance publique profondément remaniée,
honnête et efficace, faite d’engagements audacieux. Le temps est arrivé des politiques publiques résolument saines et endogènes garantissant des effets positifs de long terme. Il s’impose à nous désormais, après cette fracture sociale et cette crise politique, la nécessité d’avoir des institutions plus solides et une justice efficace, plus accessible et indépendante, afin d’asseoir les conditions d’une paix durable.
Nous devons entreprendre le saut de qualité, réaliser notre indépendance économique et aboutir à une démocratie véritable. Engageons nous donc à amorcer
la nouvelle donne en assumant en même temps l’héritage particulier de la multiculturalité de notre pays.
Je dis aux Guinéens et aux Guinéennes d’ici et d’ailleurs, ingénieux et ayant un sens élevé de l’intérêt général, ceux de l’administration publique, des entreprises, des professions libérales, des zones rurales, des usines et des ateliers, des multinationales et des organisations internationales, dès cet instant : Les soixante  prochaines années vous appartiennent. Prenez donc votre place !
La Guinée n’a pas sombré hier, malgré les bourrasques.
La Guinée résiste aujourd’hui.
Mais, plus encore, la Guinée demain, par l’engagement de tous ses fils et de ses filles et dans un sursaut d’orgueil, sera conquérante.
 En ce jour, c’est donc un message d’espérance et une invitation à la confiance et à la solidarité que je vous envoie. Il n’est d’indépendance sans combat, sans travail et sans solidarité.
Bonne fête de l’indépendance à tous et à toutes.
Osons ensemble pour le retour historique de la Jeunesse au pouvoir.
Que Dieu bénisse la Guinée !
Ibrahima Tenèmba Kourouma, Président du parti GUIDE.
  Propos recueillis la rédaction
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