« La société civile guinéenne ne perçoit pas seulement la réussite de cette transition en termes de durée ou à travers l’organisation rapide d’élections, mais en termes de réformes en profondeur… », dixit Amadou Sylla.
A l’aube du coup d’Etat survenu en Guinée et qui a conduit à la
destitution de l’ancien régime conduit par le Pr. Alpha Condé, a suscité des réactions au niveau des institutions nationales et internationales à l’image de la CEDEAO. Elle annonce la suspension de la Guinée de toutes les activités de l’institution et des sanctions ciblées.
Face à cette situation, la société a civile, dans sa mission d’œuvrer
dans le sens du renforcement de la démocratie, de la bonne
gouvernance et la paix en Guinée, n’est pas restée indifférente.
Le Conseil National des Organisations de la Société Civile (CNOSCG) a, par la voix d’Amadou Sylla, fait ce vendredi, 17 septembre une déclaration par rapport à la prise de position de la CEDEAO face à notre pays.
Dans un communiqué rendu public ce 16 septembre 2021, la conférence des Chefs d’États et de Gouvernement de la CEDEAO a
statué sur les derniers développements de la situation sociopolitique en République de Guinée et au Mali.
Si le premier communiqué de la CEDEAO en date du 10 septembre
2021 s’était limité à une condamnation de principe et à l’envoi des émissaires en Guinée, ce second va plus loin en adoptant des sanctions sévères à l’encontre de la Guinée et des membres du CNRD dont la teneur se présente comme suit :
A- Le maintien de la suspension de la Guinée de toutes les instances de la CEDEAO jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel ;
B- La tenue dans un délai de six mois des élections présidentielles et législatives pour la restauration de l’ordre constitutionnel en République de Guinée;
C- La mise en œuvre des sanctions ciblées conformément aux protocoles de la CEDEAO impliquant l’interdiction de voyage des membres du CNRD ainsi que des membres de leurs familles et gel de leurs avoirs financiers;
D- L’appui de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des Nations-
Unies et des partenaires multilatéraux et bi latéraux pour la mise en œuvre des dites sanctions;
E- L’interdiction aux membres du CNRD d’être candidat à l’élection
présidentielle ;
F- L’accompagnement de la CEDEAO dans résolution rapide de la crise et la préparation des élections.
Face à cette situation, la société civile guinéenne tout aussi soucieuse de la sauvegarde de la démocratie, de la paix et de la stabilité, se réjouit de l’intérêt et de grande attention que la CEDEAO porte sur la situation guinéenne et prends acte des résolutions issues de ladite conférence.
La société civile rappelle que la CEDEAO est une institution sous
régionale régit par des règles et des principes auxquels la République de Guinée a souscrit en tant qu’État membre. A cet effet, la CEDEAO est parfaitement dans son rôle, quand elle inflige des sanctions contre certaines démarches jugées contraires aux règles et aux principes qu’elle a l’obligation de faire respecter.
Toutefois, la société civile tout en étant consciente de la logique qui
sous-tend la démarche de la CEDEAO, l’invite à plus de compréhension et à revoir sa position de fermeté vis-à-vis de la Guinée.
Pour la société civile, les enjeux et des défis liés à cette nouvelle
transition en Guinée, ne peuvent être confinée à la seule tenue des
élections ne peuvent pas être une fin en soi, mais un moyen parmi tant d’autres pour une transition apaisée et réussie.
En outre, la société civile guinéenne ne perçoit pas seulement la réussite de cette transition en termes de durée ou à travers l’organisation rapide d’élections, mais en termes de réformes en profondeur à entreprendre pour doter le pays d’institutions fortes et légitimes qui garantissent la démocratie et l’État de droit.
La société civile tient à faire observer que le CNRD a pris des engagements qui retiennent l’attention des guinéens et des partenaires au développement dont certains connaissent un début de mise en œuvre. Elle voudrait donc inviter la CEDEAO à réorienter son accompagnement dans le sens d’amener le CNRD au respect de ces engagements républicains.
La société civile guinéenne voudrait également inviter la CEDEAO à reconsidérer sa position en attendant de consulter largement les forces vives de la nation pour une démarche harmonisée qui prenne en
compte le respect des principes démocratiques qui lui sont chers et le contexte guinéen car, il faut éviter de retomber dans les conséquences fâcheuses des transitions anticipées.
La société civile guinéenne exhorte le CNRD à la publication rapide du chronogramme de la transition ainsi que les conclusions nationales ouvertes depuis le 14 septembre 2021.
La société civile guinéenne encourage la junte à réunir les conditions nécessaires pour un dialogue avec les instances de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne et de l’ONU pour une issue heureuse de la transition.
Moussa Impérial Camara