Le président américain a tenu jeudi et vendredi par visioconférence une réunion internationale « pour la démocratie », doù une centaine de pays présents. Et la liste des invités fait débat.
Joe Biden a retenu l’idée d’un forum large plutôt qu’un club de style directoire comparable au G7.
Le Président américain Joe Biden, arrivé au pouvoir au milieu d’une crise politique sans précédent, a réuni jeudi et vendredi une centaine de pays, dont la Suisse, pour un « sommet pour la démocratie ». Ce qui pouvait déclencher l’ire de la Chine et de la Russie, qui n’ont pas été invitées.
L’événement, organisé virtuellement à Washington pour cause de pandémie de Covid-19, se veut selon la Maison Blanche révélateur du combat entre les démocraties et les dictatures et régimes autocratiques, au cœur de la politique étrangère de Biden.
La démocratie dans le monde a besoin de « champions » pour faire face à des « défis importants et inquiétants », a déclaré Joe Biden depuis la Maison Blanche, en ouvrant le sommet. Le 46ème Président américain a reconnu que les Etats-Unis eux-mêmes devaient « combattre sans relâche pour être à la hauteur de leurs idéaux démocratiques », et convenu qu’aucun des Etats invités au sommet n’était « parfait ».*
 Russie et Chine pas invitées
Le sommet rassemble les représentants d’une centaine de gouvernements, d’ONG, d’entreprises et d’organisations caritatives. Mais la liste des invités a provoqué de vives tensions. La Chine et la Russie, considérées par Joe Biden comme les championnes du camp des autocrates, ont ainsi fustigé leur exclusion.
La Chine communiste et la Russie de Vladimir Poutine, affirment quil existe plusieurs types de démocratie. Et que leur modèle est plus efficace.
Que les Etats-Unis s’autorisent à définir « qui est un ‘pays démocratique’ et qui n’est pas éligible à ce statut » relève d’une « mentalité de Guerre froide », ont écrit fin novembre dans une tribune conjointe les ambassadeurs russe Anatoli Antonov et chinois Qin Gang.
Rejetant l’idée d’un modèle unique de démocratie, les deux diplomates ont salué leurs régimes respectifs assis sur « les réalités » chinoises ou « les traditions » russes.
L’invitation de Taïwan a aussi fait bondir Pékin, qui considère l’île comme une province chinoise.
Cest peu dire que le Sommet pour la démocratie de Joe Biden irrite la Russie et la Chine, qui nont eu de cesse de disqualifier son initiative. Il est vrai que la Maison-Blanche les a clairement désignées comme ennemies principales de la démocratie, non sans arguments.
Dans une tribune publiée fin novembre 2021, par la revue conservatrice américaine The National Interest, les ambassadeurs russes et chinois à Washington, Anatoly Antonov et Qin Gang, assénaient que la démocratie nest pas lapanage dun certain pays ou dun groupe de pays et quelle peut être réalisée de multiples façons​.
 Y a-t-il une taille unique pour la démocratie ?
La Chine a surtout tenté de couper lherbe sous le pied américain en organisant, il y a quelques semaines, son propre Forum international sur la démocratie avec selon le Global Times, porte-voix du régime communiste, cent vingt pays et régions … et lex-Premier ministre japonais Yukio Hatoyama pour le vernis pluraliste.
Il ny a pas une taille unique pour la démocratie. Elle ne peut pas être atteinte de la même façon pour plus de 7 milliards de personnes, plus de 2 500 groupes ethniques et plus de 200 pays et régions » ​, martelait à la tribune Huang Kunming, le chef du département de la Publicité du comité central du Parti communiste chinois.
Non seulement il y aurait différents types de démocraties, mais il ny en aurait de supérieures à dautres, quil conviendrait de classer à laune de leur efficacité. Ce sommet a été pour Pékin loccasion de publier un Livre blanc intitulé : La Chine : une démocratie qui marche.
Loccasion pour le même Global Times de distinguer : Dun côté, la démocratie américaine qui a apporté le chaos, les troubles et même les crises humanitaires à sa population et au monde ; de lautre, celle régie par le PCC, qui a sorti 100 millions de personnes de la pauvreté en huit ans et maîtrisé le Covid​.
Compte tenu de lintérêt que présente limmense marché chinois, Joe Biden risque davoir du mal à convaincre ses alliés de faire front commun contre Pékin. La Chine et lUnion européenne ont dailleurs signé un traité dinvestissement il y a peu et les alliés des Etats-Unis expliquent quaprès quatre années dapproche unilatérale, ils doutent de la volonté américaine de sengager dans une alliance multilatérale à long terme.
                           Synthèse M.S.