Emmanuel Macron a déclaré que son mandat ne sera pas le prolongement de son quinquennat et a évoqué une nouvelle méthode collective pour le mieux.
Le président français Emmanuel Macron a été nettement réélu dimanche pour un second mandat de cinq ans, mais sa rivale Marine
Le Pen porte l’extrême droite au plus haut et entend poursuivre la bataille aux législatives de juin.
Le chef de l’État sortant obtient une victoire assez imposante avec de 57,6 à 58,2 % des suffrages, selon les estimations, un gain toutefois tempéré par une forte abstention.
Les Français ont donc choisi de reconduire un président centriste libéral et très proeuropéen face à une candidate radicale qui a la « priorité nationale » au cœur de son projet et qui est extrêmement critique vis-à-vis de l’Union européenne.
« Cher Emmanuel Macron, toutes mes félicitations pour votre réélection […]. Je me réjouis de pouvoir continuer notre excellente
coopération. Ensemble, nous ferons avancer la France et l’Europe », a réagi sur Twitter la dirigeante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« En cette période tourmentée, nous avons besoin d’une Europe solide et d’une France totalement engagée pour une UE plus souveraine et plus stratégique », a réagi le président du Conseil européen, Charles Michel.
Rassemblés au Champ-de-Mars à Paris, sous la tour Eiffel, les partisans d’Emmanuel Macron
ont scandé « Et un, et deux, et cinq ans de plus! » avant qu’un disque-jockey ne commence à mixer de la musique moins de dix minutes après l’annonce des estimations.
Emmanuel Macron, 44 ans, est le premier président français à être réélu pour un second mandat en 20 ans depuis Jacques Chirac, en
2002, face au père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen.
Après avoir remporté le deuxième tour de la présidentielle française, Emmanuel Macron s’est adressé à ses partisans.
Toutefois, cette élection s’inscrit dans un contexte d’abstention record, estimée à 27,8 % par l’IFOP, un taux inédit pour un second tour
depuis 1969 (31,3 %).
Le réflexe du « front républicain » ou du barrage à l’extrême droite, qui avait fonctionné il y a cinq ans, a cette fois-ci été moindre et les
élections mettent en lumière un pays largement fracturé.
À titre de comparaison, M. Macron avait remporté 66,10 % des suffrages en 2017, devançant largement Mme Le Pen (33,90 %).
À 53 ans, avec un score situé entre 41,8 et 42,4 %, Mme Le Pen porte l’extrême droite à un niveau record en France, laissant augurer des temps difficiles pour le président réélu, dont le premier défi sera d’obtenir une majorité aux législatives de juin.
« Les idées que nous représentons arrivent à des sommets », a déclaré Mme Le Pen en saluant les « compatriotes des provinces, des
campagnes » et « d’outre-mer », cette « France trop oubliée, nous, nous ne l’oublions pas ».
Elle a aussi annoncé sa volonté de poursuivre le combat politique. « Nous lançons ce soir la grande bataille électorale des législatives », a-t- elle dit sous un tonnerre d’applaudissements de ses partisans.
À la suite de sa défaite au second tour de la présidentielle française, Marine Le Pen s’est adressée à ses partisans.
Le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, éliminé au premier tour mais arrivé en troisième position, a lui aussi voulu promettre l’enfer électoral aux législatives des
12 et 19 juin à Emmanuel Macron, président « mal élu ». « Le troisième tour commence ce soir », a-t-il déclaré.
Les défis de Macron
Emmanuel Macron aura pour tâche de rassembler des Français divisés et de répondre à une colère très prégnante depuis la crise des
manifestations des « gilets jaunes » de 2018-2019, qui n’a jamais été véritablement réglée.
Il devra aussi répondre aux angoisses suscitées par les successions de crises, de la
pandémie de COVID-19 à la guerre en Ukraine. Lors de son dernier grand meeting, à Marseille, il y a une semaine, M. Macron, très critiqué sur son bilan vert, a promis qu’un nouveau quinquennat sous son règne serait « écologique
ou ne serait pas » et a annoncé un
renouvellement de la politique.
Souvent qualifié de « président des riches », le président a multiplié les gestes envers cet électorat de gauche, semblant prêt à des
concessions sur certains points, notamment sa controversée et emblématique réforme des
retraites, qu’il n’a pas réussi à mettre en œuvre au cours de son premier mandat.
Les abstentions Ces promesses n’ont pas suffi à faire baisser
le taux d’abstention lors de ce deuxième tour, qui tombait aussi au début de vacances scolaires, ni à susciter un fort vote d’adhésion.
Marine Le Pen lors de son vote pour le deuxième tour de la présidentielle, dimanche
Ainsi, Nicolas Moreau, 44 ans, conseiller municipal à Bersée, a expliqué avoir effectué « un vote par obligation ». Même constat chez
Véronique, habitante de Bersée, pour qui, « entre les deux choix, on essaye de choisir le moins mauvais ».
Battue pour la troisième fois de sa carrière à une élection présidentielle, Mme Le Pen n’a
pas réussi à briser le « plafond de verre » que représente en France l’éventualité d’une victoire de l’extrême droite. Avec son score élevé, elle place néanmoins sa famille politique et ses idées radicales encore plus au cœur de la
scène française.
Mme Le Pen récolte ainsi les fruits d’une stratégie de « dédiabolisation » patiemment menée depuis une décennie.
Elle a lissé et adouci son discours, banalisé son image, se montrant proche des préoccupations des Français, même si, sur le fond, son programme reste aussi radical, notamment en ce qui a trait à l’immigration et aux institutions.
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