Un des droits fondamentaux d’un enfant demeure sans conteste son droit à un nom.
Dans nos communautés, le baptême d’un enfant fait l’objet d’une cérémonie parfois grandiose au cours de laquelle parents, amis et connaissances partagent des repas, font des prières et bénédictions en faveur du nouveau-né, mais également pour la prospérité de la famille,
du village ou du quartier, voire du pays tout entier.
Une équipe sportive quant à elle, nait grâce à l’initiative d’un individu ou d’un groupe d’individus ayant des objectifs communs quant au développement d’une ou des disciplines sportives données.
Pour le (les) fondateur (s) le premier réflexe sera sans aucun doute de doter l’équipe ainsi constituée d’une structure fiable et d’un nom permettant de mieux l’identifier.
Qu’il s’agisse de la Guinée, de l’Afrique ou du reste du monde, il faut noter que partout, le poids de la culture et de la tradition pèse
beaucoup dans le choix des noms des équipes sportives, toutes
disciplines confondues.
EN AFRIQUE par exemple, l’animal occupe une place très importante dans la symbolique ; ce qui explique en partie le bestiaire sportif du continent. Ici, la grandeur, la puissance, l’agilité,
l’agressivité, la propension à vaincre, la rapidité, la virilité de l’animal font partie entre autres des critères déterminants dans la dénomination des équipes.
Dans ce cadre, l’un des animaux les plus évalués en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, en Afrique Orientale, en Afrique Australe et pourquoi pas en Afrique Centrale, demeure incontestablement le LION. D’ailleurs, n’est-il pas considéré comme étant le roi de la brousse dans nos sociétés ? Même si l’espèce se fait de plus en plus
rare comme au Maroc où d’ailleurs elle est en voie de disparition, elle
reste le choix de beaucoup de pays.
Ainsi, l’équipe nationale de football du Sénégal se nomme les « LIONS de la TERANGA » (TERANGA) qui signifie hospitalité en wolof) ; celle du Maroc, les « LIONS de l’ATLAS » ; Cameroun, les « LIONS INDOMPTABLES DU CAMEROUN» ; Sierra Leone, les « LEONES STARS » (Leone vient du mot lion en espagnol). L’ELEPHANT est également un animal très présent dans les symboles ; majestueux, puissant, fier et respecté, cet animal retient particulièrement l’attention du mondes portif ; c’est le cas de la Guinée dont l’équipe nationale porte le nom de «SYLINATIONAL DE GUINEE» (Syli en langue soussou signifie éléphant).
Parmi les autres pays dont l’équipe nationale est symbolisée par l’éléphant, figure en bonne place la Côte d’Ivoire :les « ELEPHANTS de COTE d’IVOIRE »
D’autres animaux féroces, audacieux et parfois malins s’invitent aussi dans cette nomenclature ; il s’agit de la panthère, du zèbre, du requin,
du léopard, de l’hyène, du crocodile, du renard…
Ainsi : En R.D.C nous avons « LES LEOPARDS DU CONGO » ; au Botswana, « LES ZEBRAS » (les zèbres du Botswana) ; Gabon,
« LES PANTHERES du GABON » ; Guinée Bissau, « OS DJURTUS » (les lycaons, mammifères carnivores d’Afrique rappelant l’hyène) ; Angola, « AS PALANCAS NEGRAS » (les antilopes noires) ; Ethiopie, « WALYA ANTELOPES » (les antilopes de Walya ou bouquetins d’Abyssinie) ; Niger, « LES MENAS DU NIGER » (espèce d’antilope) ; Algérie, « LES FENNECS D’ALGERIE » (petits
renards aux longues oreilles) ; Bénin, « LES ECUREUILS DU BENIN» ; Lesotho, « LIKUENA » (les crocodiles du Lesotho) ; Soudan, « NILES CROCODILES » (les crocodiles du Nil) ; Cap vert, « OS TUBAROES AZUIS »(les requins bleus) ; Djibouti, « les
requins de la mer rouge » ; Gambie, « SCORPIONS » (les scorpions) ; Rwanda, « AMAVUBI » (les guêpes en Kinyarwanda) ; Ouganda, « THE CRANES » (les grues-en référence à l’animal représenté sur le drapeau de l’Ouganda-) ; Madagascar, « LES BAREAS » (leszébus de Madagascar) ; Burkina Faso, « LES ETALONS » (l’étalon étant le cheval destiné à la reproduction).
A cette liste d’animaux s’ajoutent des oiseaux, des serpents, des
poissons… sur lesquels certains pays ont porté leur choix comme
symboles :
Au Mali, « LES AIGLES DU MALI» ; Nigéria, « SUPER EAGLES DU NIGERIA» ; Ile MAURICE, « LES DODO » (le dodo est l’oiseau emblématique de l’île Maurice) ; Togo, « LES EPERVIERS DU TOGO» ; Tunisie, « LES AIGLES DE CARTHAGE » (l’aigle était un symbole de la civilisation de Carthage qui fit la gloire de la Tunisie) ; Burundi, « INTAMBA MU
RUGAMBA » (les hirondelles) ; Comores, « LES COELACANTHES » (poisson préhistorique qu’on croyait éteint et qui a réapparu au large des Comores) ; Mozambique, « OS MAMBAS » (les mambas, nom d’un des serpents les plus dangereux d’Afrique).
Il convient de noter également l’influence de l’environnement
physique (cours d’eau, mer, relief par exemple), historique et autres
éléments naturels sur l’imaginaire du monde sportif :
En Érythrée, « RED SEA BOYS » (les gars de la Mer Rouge) ;
Somalie, « THE OCEAN STARS » (les étoiles de l’océan) ; République Centrafricaine, « LES FAUVES DU BAS-OUBANGUI »
(en référence à la rivière Oubangui) ; Tanzanie, « KILIMANJARO STARS » (les étoiles du Kilimandjaro –le Kilimandjaro étant la montagne emblématique de la Tanzanie-) ;
Ghana, « BLACK STARS » (les étoiles noires, en référence à l’étoile noire du drapeau du Ghana) ; Guinée équatoriale, « NZALANG
NACIONAL » (l’éclair national- nzalang étant l’éclair en Fang) ;
Kenya, « HARAMBEE STARS » ou les étoiles de l’Harambee (nous
collaborons en Swahili), un terme qui figure sur les armoiries du
Kenya) ; Libéria, « LONE STARS » (les étoiles uniques figurant sur
le drapeau du Libéria) ; Zimbabwe, « THE WARRIORS »(les guerriers) ; Eswatini/Swaziland, « SIHLANGU SEMNIKATI » (le bouclier du roi, en Swati ); référence au bouclier du roi sur le drapeau du Swaziland ; Libye, « LES CHEVALIERS DE LA
MEDITERRANEE » ; Mauritanie, « LES MOURABITOUNES » (murabitun ou almoravides en français est le nom d’une ancienne dynastie d’origine marocaine ayant régné sur le Maghreb) ; Tchad, « LES SAO » (les Sao sont une ancienne population d’Afrique centrale) ; Seychelles, « PIRATES » (les pirates) ; Egypte, « AL-FARA’ENAH » (les Pharaons ou souverains d’Egypte) ; Afrique du sud, «BAFANA-BAFANA/BANYANA-BANYANA», respectivement garçon pour l’équipe masculine et fille pour l’équipe féminine ; Sao Tomé- et-Principe a appelé tout simplement son équipe « OS VERDE AMARELOS »(les vert et jaune).
Somme toute, l’on retiendra que d’une manière générale en Afrique,
l’animal qu’on prend comme symbole est celui-là qui est susceptible d’être victorieux sinon d’apporter la victoire.
EN GUINEE, à l’instar des autres pays africains la symbolique
constitue une dominante dans l’appellation des équipes sportives.
Ici également, alors que certaines formations ont pour symboles les
animaux comme la RENAISSANCE CAIMAN CLUB DE KAMSAR
(RCCK), d’autres tirent leur nom de l’environnement physique
exemple : le FELLO STAR DE LABE, le GANGAN FC DE KINDIA, le MILO FC DE KANKAN, le DIANI FC DE NZEREKORE, le BAFING FC DE MAMOU…D’autres encore portent le nom de localités : KARFAMORIAH FC, AS KALOUM,
HAFIA FC…
Les noms comme MANDE FC (rappelant ce grand
empire médiéval africain), HOROYA autrement dit Liberté en
français (un slogan cher aux dirigeants politiques pendant la lutte anticoloniale) ont une inspiration historique. Comparaison faite entre l’Afrique et le reste du monde en matière de
symbolique dans l’appellation des équipes sportives, il ressort que les réalités ne sont pas les mêmes dans la mesure où en Europe par
exemple la dénomination est moins flamboyante. Cependant, ici et là, c’est une question de culture qui sous-tend le choix du nom.
EN FRANCE par exemple l’équipe nationale de football a longtemps
porté le nom de « Coq » ; mais ce volatile ne faisait pas l’unanimité
dans l’Hexagone où certains, à l’instar du célèbre journaliste GérardDreyfus, voyaient un côté un peu « ridicule ». Et comme les joueurs de l’équipe nationale portent le maillot bleu, il leur a été donné le nom de BLEUS.
EN ITALIE, c’est la SQUADRA AZZURA autrement dit « l’équipe
des bleus ».
EN BELGIQUE on se montre plus inventif en adoptant le nom de
DIABLES ROUGES (évidemment à ne pas confondre avec l’équipe
du Congo).
Par ailleurs certains noms sont d’une grande banalité exemple :
EN ALLEMAGNE la MANNSHAFT qui signifie tout simplement
l’équipe.
AU BRESIL, considéré comme le pays phare du football, l’équipe
nationale s’appelle la « SELECAO » autrement dit la sélection.
Elhadj Mamadi Camara,
inspecteur de la jeunesse et des sports