Créée en juillet 2002, l’Union africaine (UA), succédant à l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) fondée en 1963, célèbre cette année son 20e anniversaire avec d’importantes réalisations à son actif, mais aussi d’énormes défis devant elle sur fond de conjoncture internationale changeante.

Toujours avec sa vision d’une « Afrique intégrée, prospère et pacifique, l’UA a enregistré pendant 20 ans de nombreux résultats dans les domaines du renforcement des institutions et du leadership politique, de l’intégration économique, de la paix et de la sécurité, ainsi que de l’élargissement de la coopération internationale. Elle a encouragé les pays africains à parler d’une seule voix dans les affaires internationales et a continué de renforcer l’influence et le statut internationaux globaux de l’Afrique.

Début juin, le président sénégalais Macky Sall, qui assure la présidence tournante de l’UA, s’est rendu en Russie pour discuter avec Vladimir Poutine du conflit russo-ukrainien. Cette visite marque « un renversement notable des rôles typiques », commente le journal britannique Daily Mail, citant des mots d’Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom Center basé à Dakar. « Habituellement, ce sont les Européens qui sont impliqués dans les guerres en Afrique; maintenant, si les Africains interviennent comme médiateurs, ce serait une excellente chose », dit-il.

Pour Li Hongfeng, doyenne de la Faculté d’études africaines de l’Université des langues étrangères de Beijing, sur les questions de gouvernance mondiale telles que l’ordre financier international, l’économie verte, l’économie numérique, les politiques de changement climatique, la protection de l’environnement et la lutte contre les épidémies, l’UA a réussi à manifester la solidarité africaine et à renforcer son droit de parole.

Après près de dix ans de négociations, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) a officiellement été lancée le 1er janvier 2021. D’après un rapport de la Banque mondiale publié en juin dernier, ce pacte de libre-échange pourrait créer près de 18 millions d’emplois supplémentaires, et d’ici 2035, la croissance des emplois et des revenus qui en résultera pourrait aider jusqu’à 50 millions de personnes à sortir de l’extrême pauvreté.

Contrairement à l’OUA qui insiste sur le principe de non-interférence, l’UA a activement promu au cours des vingt dernières années le règlement pacifique des points chauds régionaux et a fermement poursuivi la paix et la sécurité sur le continent par l’envoi de missions d’observation électorale, l’envoi de représentants spéciaux et la formation de la Force africaine en attente, entre autres.

En juin dernier, par exemple, l’UA a envoyé une mission d’observation électorale au Kenya. Les forces de maintien de la paix envoyées par l’UA dans des pays tels que le Soudan du Sud, la Somalie et la Centrafrique sont par ailleurs devenues le pilier du maintien de la paix et de la stabilité dans ces pays. A ce propos, l’UA a également continué de coopérer avec les organisations sous-régionales africaines, ainsi que les Nations Unies et d’autres institutions internationales.

Cependant, en termes de reprise économique, de moyens de subsistance sociaux, de paix et de sécurité et d’indépendance financière entre autres, de nombreux défis subsistent.

Les problèmes de développement et de moyens de subsistance des populations sont les plus grands défis auxquels l’Afrique est confrontée. Un article paru en mai dernier dans le journal nigérian Punch indique que 33 des 46 pays les moins avancés du monde se trouvent sur le continent africain, bien plus que les autres continents, tandis que l’Afrique occupe exclusivement neuf des dix premiers pays les moins avancés.

Frappés notamment par la sécheresse extrême, au moins 18,4 millions de personnes sont déjà confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë et de malnutrition croissante dans trois pays de la Corne de l’Afrique, à savoir l’Ethiopie, le Kenya et la Somalie, a averti en juin dernier le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

En raison de structures économiques déséquilibrées et d’un niveau de développement rudimentaire, le continent africain est plus vulnérable à des acteurs externes tels que la pandémie de nouveau coronavirus et le conflit russo-ukrainien, rendant sa reprise économique plus difficile.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré début mai lors de sa visite au Sénégal que le conflit en cours en Ukraine a entraîné une aggravation de la « triple crise alimentaire, énergétique et financière » en Afrique. Dans ce contexte, la Banque mondiale a prédit en avril dernier que l’économie de l’Afrique sub-saharienne devrait connaître cette année une croissance plus ralentie, de seulement 3,6%, contre 4% en 2021.

Sur des problèmes épineux tels que la lutte contre le terrorisme en Somalie, au Sahel et dans le bassin du lac Tchad ou encore les rébellions dans l’est de la République démocratique du Congo, l’UA a encore un long chemin à parcourir.

« L’UA devrait renforcer le dialogue pour trouver des solutions à l’instabilité en matière de sécurité dans de nombreuses régions, en particulier au Sahel », souligne Adeoye O. Akinola, responsable de la recherche et de l’enseignement à l’Institut pour la pensée et la conversation panafricaines de l’Université de Johannesburg.

Xinhua